24 mars 2008

Faux 2,30 Marianne de Briat dentelés

Pour faire progresser la philatélie, et dans ce cas l'étude des faux pour servir du 2,30 Marianne de Briat, je vais compléter le billet de Vervelle sur ce sujet avec les pièces de ma collection sur le 2,30 Marianne de Briat. En fait, je vais refaire le même article !

Comment reconnaître un faux 2,30 Marianne de Briat ? Tout d'abord, c'est de l'offset et non de la taille-douce : il manque le relief caractéristique de la taille-douce. Ensuite, la dentelure n'est pas conforme. Mais surtout, c'est le papier qui se distingue immédiatement : très blanc, mince, chargé en azurants optiques ; il est particulièrement éclatant sous UV où l'on remarque de plus l'absence des barres phosphorescentes.

Critère principal entre les 2 faux dentelés 13 :
la première hachure est plus à gauche et dépasse
sur le deuxième faux dentelé 13.

Il existe 3 faux pour servir du 2,30 Marianne de Briat : le premier est dentelé 11, les 2 autres sont dentelés 13. On distingue les 2 faux dentelés 13 par des détails significatifs de la Marianne. Je n'ai jamais cherché à leur donner de nom, pour moi il s'agit de 3 "faux de Marseille". Le qualificatif de "faux de Seine-et-Marne" pour le dernier ne me semble pas correspondre à une réalité, les exemplaires que je possède sont oblitérés dans le sud...

On peut mentionner également le faux pour collectionneur, en feuillet de 10 avec tête-bêche (!) avec inscriptions marginales commémoratives, qui a servi sur lettre pour l'envoi d'un communiqué de presse annonçant l'émission de ce faux (!).

Il existerait aussi un faux faux pour servir dont je n'ai pas les détails (autrement dit, un faux 2,30 fait spécialement pour les philatélistes, et vendu comme faux pour servir).

Comme toujours (ou presque) sur ce site, les images sont "cliquables" et les illustrations sont donc disponibles en haute résolution.

Bas de feuille de 21 06.90 du faux dentelé 13 :
mention RGR-1 et numéro de feuille 54813-2
Oblitéré de janvier 1991, bord de feuille supérieur :
le dentelure est grosse et imparfaite
dans les coins.
Coin daté du 21 06.90 du dentelé 13.
Notez la petite griffe au front à la case 90.
Deuxième coin daté du 21 06.90 du dentelé 13,
observez les défauts de dentelure.
Dentelé 13 oblitéré du 28/3/1991
Bloc de 6 inférieur droit avec repère électronique,
non-dentelé et sans date.
Timbre présentant les mêmes
caractéristiques que le faux ci-dessus,
oblitéré de janvier 1991.

Les faux du 2,30 Marianne de Briat ont pour avantage d'être indiscutables : il ont été largement diffusés. J'ai trouvé en tirant des kilos de 2,30 Marianne de Briat les exemplaires oblitérés présentés et quelques autres : malheureusement, la papier particulièrement fin entraîne souvent des timbres défectueux !
Article de journal relatant l'affaire

Cet article est fort intéressant, il m'a été communiqué pour son actuel propriétaire. Extraits :
(...) un bar-tabac de la place Castellane à Marseille, ne commandant plus que 10 000 timbres par mois au lieu des 30 à 40 000 les mois précédents. (...) les truands marseillais étaient alimentés par une imprimerie située dans la région bordelaise. Les imitations étaient parfaites et seul l'oeil exercé des spécialistes a pu déceler (à la loupe) de très légères traces incorrectes, comme par exemple l'absence de trait d'union entre Briat et Jumelet (...) Toulon, où les premières planches ont été saisie (...) les grossites vendaient leurs planches à raison de 0,90 franc le timbre (...)
Al Capone : sa chute a été possible en examinant ses comptes. C'est aussi la comptabilité qui a mis la puce à l'oreille à La Poste ! On parle de "faux de Marseille", mais l'imprimerie se situait en région bordelaise et les premiers faux ont été découverts à Toulon...

Le prix unitaire était de 90 centimes, et non de 1 franc comme il est souvent écrit (mais le buraliste en question écoulait beaucoup de timbres, il avait peut-être une réduction supplémentaire !).

Je suis amusé par le terme "imitations parfaites", alors que ces faux sont faciles à repérer : mais je suis sans doute un plus grand spécialiste que les fins limiers de La Poste et de la police, j'ai trié quantité de 2,30 Marianne de Briat, que j'achetais par lots de 5 kilos : j'ai le 2,30 Briat "dans l'oeil", ce qui fait que je repère un faux à distance ! Le critère donné ne se retrouve pas sur les exemplaires que j'ai pu observer.

Un détail parmi d'autres des
cases 90 et 100 du dentelé 11 :
manques d'impression en bas à droit (case 90)
et en haut à droite (case 100). Ces variétés
ne se retrouvent pas sur le dentelé 13,
qui en a d'autres.

On peut associer les 2 premiers faux : les coins datés portent la même date, je suppose que le numéro est aussi toujours le même. Par contre, les détails de l'impression (petites variétés de case) sont différents, on a donc affaire à 2 planches différentes.

La dentelure n'est pas seulement différente par la taille : elle l'est aussi par la technique.

Le dentelé 11 est dentelé en ligne : la dentelure se fait dans un sens puis dans l'autre. Ainsi la dentelure en coin est irréguliaire. On note que les bord de feuille horizontaux (et l'interpanneau) sont dentelés horizontalement, ce qui n'est pas le cas sur les vrais.

Les dentelés 13 sont plus réussis : il s'agit d'une dentelure par peigne, mais au lieu d'être un peigne vertical comme sur certaines émissions de La Poste, c'est un peigne horizontal. Sur le premier coin daté dentelé 13, la dentelure est très bien, mais sur le second on voit des timbres plus (colonne 10) ou moins larges (colonne 9) et une dentelure décalée verticalement.

C'est à ma connaissance le premier faux pour servir français à bénéficier d'une dentelure par peigne.

Le deuxième faux dentelé 13 est aussi issu d'une nouvelle planche : on remarquera le petit repère électronique sur le "coin daté" (non daté !) non dentelé. Il est plus foncé (couleur et épaisseur des traits) que les premiers. Ce faux a bien servi à la même époque que l'autre dentelé 13. Je ne sais pas s'il a la même origine, j'ai tendance à penser que oui : c'est un progrès par rapport aux 2 premiers faux. Je n'ai pas de bloc dentelé où j'ai pu examiner la dentelure : linéaire ou peigne ?
Ma page d'album sur les faux, dans ma collection
exposée au challenge Pasteur il y a 15 ans :
pas mal pour un jeune non ?

La collection des faux pour servir est passionnante. Mais ce sont les faux ayant servi, sur du courrier nature, qui sont les pièces les plus intéressantes. Cependant, dans le cadre d'une étude, les blocs neufs (et les coins datés) sont indispensables par les informations qu'ils apportent. Mais ces faux ne sont intéressants que parce qu'ils existent ayant servi !

2 commentaires:

Vervelle a dit…

bonjour Dominqiue

Je suis ravi que tu dévoiles enfin tes trésors ;o))

Bel article superbement illustré.
Juste un ou deux points qui perturbent :

Je te cite :

""""Le qualificatif de "faux du Val-de-Marne" pour le dernier ne me semble pas correspondre à une réalité, les exemplaires que je possède sont imprimés""""

Ce serait plutôt la Seine et Marne, dont le nom est apparu récemment dans les ventes sur internet et pas le faux du Val de Marne (réputé pour son faux TVP de carnet...) et on dirait que ta phrase n'est pas achevée. "sont imprimés???? "

Dominique a dit…

Oui, cette phrase, c'était n'importe quoi : c'est rectifié.