05 août 2007

Le "Dag Hammarskjöld" inversé

Timbre américain de 4c Dag Hammarskjöld,
couleur jaune inversée.
Variété sur enveloppe premier jour du 23 octobre 1962.
Lettre vendue 3500 $ en 2005 à
une vente au enchère (Robert A. Siegel)

C'est un rêve de fortune : trouver à la poste, à la faciale, une variété exceptionnelle et gagner ainsi beaucoup d'argent (c'est le loto des philatélistes !).

Ce rêve est arrivé en 1962 à quelques philatélistes aux USA : ils ont découvert une couleur renversée !

Les variétés "couleurs renversées" (qui se traduisent souvent par un "centre renversé") sont à la philatélie américaine ce que les têtes-bêche sont à la philatélie française : spectaculaire, grosse notorité, et très belles cotes (le marché US est bien plus gros que le marché français...). Ca n'existe guère en France, où l'impression à plat en plusieurs couleurs a été relativement brève et concerne peu de timbres (le Dallay signale une impression double - dont une renversée - du centre du 1fr Merson).

Un philatéliste en particulier, Leonard Sherman, découvre une feuille de 50. Sa découverte n'a pas été immédiate, il a d'abord pensé à un simple décalage du jaune avant de se rendre compte de l'inversion !

Il décide sagement d'attendre... Pourquoi est-ce sage ? Parce que la variété est finalement discrète, et que donner l'information va entraîner une chasse à la variété dans tous les bureaux de poste du pays : donc d'avantage d'exemplaires pourraient être découvert, alors que la probabilité de la retrouver sur des oblitérés est moindre (on en retrouvera quelques exemplaires alors qu'en neuf c'est souvent la feuille complète qui est mise de côté).

Mais Gerald Clark achète également une feuille. Il en utilisera 31 avant qu'un amis lui signale l'anomalie, les 19 exemplaires restant sont estimés à 10 000 dollars l'unité... Le tirage théorique minimum est de 200 timbres, soit la taille de la feuille primaire avant découpe en 4 feuilles de vente.

Leonard Sherman annonce alors à son tour sa découverte, qui va faire l'objet d'une large publicité dans les médias grand public.

Et là, l'incroyable se produit, ses rêves de fortune disparaissent : J. Edward Day, directeur de la poste, décide de faire un tirage spécial avec la variété, afin de ne pas pénaliser les collectionneurs de timbres normaux ! C'est 400 000 exemplaires qui sont ainsi imprimés ! Sherman fait un procès, obtient la suspension de la vente de ce tirage mais trop tard : l'essentiel du retirage est déjà vendu...

La réaction de Day serait motivée en fait par les problèmes de son prédécesseur, qui a offert des non-dentelés au président Roosevelt (qui était collectionneur) mais aussi à des amis... Une pratique que l'on connait bien en France, qui n'a été abolie que fin 1998 avec la fin des feuillets gommés non-dentelés (successeurs des épreuves de luxe et des non-dentelés officiels).

Par la suite, c'est plus de 40 millions d'exemplaires qui seront imprimées avec l'inversion, et 120 millions sans l'inversion. La "variété" n'en ait plus une, et le timbre est très courant ! Le tirage spécial a été en vente à partir du 16 novembre 1962, les timbres oblitérés avant sont donc la variété et non le tirage spécial (mais une expertise est de rigeur).

Cette histoire nous apprend 3 choses :
- il est souvent bon d'attendre quand on trouve une variété.
- il est souvent plus intéressant d'avoir un oblitéré (une lettre) avec date visible qu'un neuf quand on se procure un des timbres "privés" (Chanel, Rotary, Cour des comptes, ...) qui apparaissent de plus en plus régulièrement : le risque de retirage est loin d'être nul !
- les variétés dans les bureaux de poste, y compris les très grosses, ça arrive bien plus souvent qu'on ne le croit (même si les sorties frauduleuses des imprimeurs, ça existe aussi).

Time.com
Wikipedia.org
Newsfromme.com (avec timbre humoristique à voir !

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